Revue de presse
Franck TortillerQuand le jazz est là…la java s’en va…pas forcément
Superbe concert samedi 14 janvier, au Conservatoire de Montluçon, organisé par les Amis du Jazz.
Rhapsody in Paris
Bachtrack – 23 février 2016 – Suzanne Lay
Modernités et métissages :
l’Orchestre Pasdeloup ravit la Philharmonie de Paris
L’Orchestre de Cannes, seul et clairsemé sur la scène de la Grande Salle, s’est tout d’abord attelé efficacement aux très belles Danses populaires roumaines de Bartók en guise de mise en bouche. Joli avant-propos de ce concert célébrant avant tout la réunion des musiques populaires et des musiques savantes, ou du moins l’hybridation de sonorités qualifiées un peu vite de « folkloriques » par des compositeurs en recherche d’un langage alternatif.
A la fusion entre la modalité affirmée des airs et l’apparente tonalité de l’harmonisation de Bartók – qu’il n’admit d’ailleurs jamais complètement – ont succédé d’inédites orchestrations de l’opéra Porgy and Bess par le vibraphoniste Franck Tortiller. Si Gershwin souhaitait déjà, en 1930, y célébrer la créativité et la complexité des musiques noires – au risque que sa « négrophilie » quelque peu essentialiste fasse, par la suite, grincer des dents – le trio Tortiller a su y ajouter une touche de jazz plus contemporaine, ainsi que des accents symphoniques tirant vers le postromantisme sur l’impressionnant I loves you Porgy. Les solos endiablés de Tortiller, d’Yves Torchinsky à la contrebasse et de Patrice Héral à la batterie ont pris soin de ne pas voler la vedette aux deux orchestres en très grande forme. La vraie bonne idée consistant à ne pas forcer les différents pupitres s’échangeant le thème à singer un swing forcé, mais à combiner ces sonorités vibrantes, lyriques, à celle des instrumentistes jazz. Les nombreuses collaborations du trio aux productions de l’Orchestre Pasdeloup – étalées sur près de quinze ans, précisera Franck Tortiller, visiblement ému – ont fait l’objet d’un nouveau disque, Rhapsody in Paris, incluant ces formidables orchestrations, qui fût présenté en fin de concert.
Franck Tortiller : Place aux jeunes
JAZZ / NOUVEL ORCHESTRE / MCO COLLECTIV
Le vibraphoniste, en résidence aux Gémeaux, vient de constituer un nouveau grand orchestre composé de jeunes musiciens. Une confrontation qui l’oblige à repenser sa pratique comme son écriture. Pour le meilleur.
Succès à L’arc pour le trio Franck Tortiller et l’orchestre Pasdeloup
Le concert a été donné avec brio, devant plus de 480 personnes vendredi soir dernier dans le grand théâtre de L’arc
Revue de presse 2006-2009
Jazzman (avril 2009) – Stéphane Carini
Chronique de l’album « Sentimental 3/4 », **** Jazzman, Remarquable
C’est un programme ambitieux et convaincant, distingué par un Django d’Or 2007, que propose Franck Tortiller en explorant les rythmes à trois temps. Non qu’il ait, tout au moins dans son principe, le mérite de l’originalité tant le jazz s’est depuis longtemps revivifié de ce type d’échanges.
Mais précisément le talent de Franck Tortiller consiste à décliner de nouveau ces rythmes impairs, simples ou complexes, sans transiger sur l’apport du compositeur-arrangeur. Cette approche l’amène à n’exclure aucune forme ni couleur : on trouve (mais pas seulement) de belles valses-musettes à l’accordéon, mais le propos est clairement plus large, dans une logique astucieuse et souvent virtuose de brassage ou de friction des modes expressifs qui peuvent au demeurant « se contaminer » l’un l’autre : riffs de cuivres scandés comme des accords d’accordéon derrière le solo de Vincent Limouzin sur « Douce joie », séquence binaire « churchy » sur une oeuvre de Maurice Ravel (qui ne s’imposait peut-être pas et qui fera sûrement jaser), etc.
Dans le cadre de compositions favorisant l’alternance des climats, le choix d’un instrumentation pour le moins atypique fait merveille. La palette de timbres (des alliages accordéon – marimba – sax alto par exemple) associée à l’impressionnante qualité de l’exécution sert une musique très fluide, y compris dans les entrecroisements de lignes les plus subtils ou les plus échevelés (ainsi du charivari finals de l’Impasse des vertus).
Bref, on l’aura compris, un primat totalement assumé, et que l’on salue, de l’imaginaire et de la fécondation des formes, populaires ou non.
Jazz Magazine (février 2009) – Christophe Huber
Chronique de l’album « Sentimental 3/4 », disque d’émoi
« Débarrassé du label ONJ, l’orchestre de Franck Tortiller reste une équipe soudée de copains réunis derrière les pupitres d’une structure à vocation nationale qui aura su redonner du souffle au genre collectif à la française. Le programme entièrement inspiré de la valse et qui gravite autour de la formule rythmique à 3 temps profondément inscrite dans la mémoire collective européenne (mais pas seulement), concrétise les expériences rodées en concert par Tortiller et son ONJ dès 2006 sous le titre « Sentimental 3/4 ».
Cet album est donc un aboutissement, une valse cosmopolite mise en orchestre par un meneur d’hommes hors pair. Prmière impression : une écriture précise, mais aussi beaucoup de liberté et une légèreté apparente pour une formation de cet accabit. L’apport des claviers (marimbas et vibraphones) contribue à la féerie de cet ensemble qui se joue de toutes les subtilités du genre. Invité « obligé » de cette valse à plusieurs: l’accordéon d’Eric Bijon.
On a beau en avoir soupé du musette, ici on est conquis!
Flanqués derrière les riffs collectif, se faufilant entre les mailloches et autres cuivres ventrus et pêchus, les ritournelles de Bijon sont essentielles et incisives. Ca joue, et ça joue bien! Ainsi considéré, l’effet musette fait peau neuve au sein d’une formatino pour qui le sens populaire de cette musique ne saurait être galvaudé.
Avec « Sentimental 3/4 », Franck Tortiller assume pleinement ses premières expériences de jeune musicien de bals. Un clin d’oeil donc à une période passée auprès de son père batteur. Son dernier Opus rend hommage à une musique de danse, réhabilitée et réappropriée avec audace: une interprétation brillante et généreuse sur des thèmes signés Tortiller, avec la complicité de certains partenaires comme Eric Séva, Michel Marre, Jean Gobinet,ou Vincent Limouzin.
Thèmes de France, thèmes d’ailleurs (Mexique, Asie Centrale), « Sentimental 3/4 » revêt au fil de l’écoute l’étoffe des vrais standards.
La Terrasse (février 2009) – Jean-Luc Caradec
Une formidable virée à travers les continents musicaux sur le thème de la valse.
Le vibraphoniste et compositeur Franck Tortiller vient de céder la place de directeur musical de l’Orchestre National de Jazz à Daniel Yvinec, au terme d’un mandat de trois ans prticulièrement bien accueilli. Musicien entreprenant et d’une rare vitalité, Tortiller s’empresse de rebondir en se réappropriant, à la tête d’un Orchestre qui porte désormais son nom, l’un de ses derniers programmes créés avec l’ONJ et qui lui valut un Django d’Or en 2007 : « Sentimental 3/4 ». Avec, entre autres, de belles réminiscences de classiques du bal musette telles que « Douce joie » de Gus Viseur ou « Impasse des vertus » de Tony Murena, mettant en valeur l’accordéon d’Eric Bijon…l’album est attendu courant février chez Camjazz.
www.culturejazz.net (février 2009) – Thierry Giard : Sentimental 3/4
On ne nous dit pas s’il faisait beau à Couches du 16 au 20 juin 2008 mais il est certain qu’une chaleureuse ambiance régnait au domaine « Les Bertrands » pendant la séance d’enregistrement et ça s’entend dans ce beau disque qui brille de mille feux et fait tournoyer nos têtes !
C’est là, sur ses terres natales de Bourgogne, que Franck Tortiller a peaufiné et enregistré ce programme préparé à l’origine pour son Orchestre National de Jazz . Dans ce coin de campagne, à l’écart des turbulences urbaines, il a pris l’habitude de réunir ses copains pour affiner ses projets, leur donner corps et vie au milieu du vignoble. Sentimental 3/4, révérence affectueuse aux trois temps de la danse, aura été le moins joué des projets menés avec son ONJ (2005 à 2008). L’hommage à Led Zeppelin, Close to Heaven, et Électrique auront plus séduit les organisateurs et autres diffuseurs… Qu’importe ! Le projet est publié et joué aujourd’hui puisque cetOrchestre aura eu une vie avant et après la période « nationalisée ». Profitons de le savourer maintenant avec le recul nécessaire à la dégustation d’un grand cru.
Disons-le sans détours, ce disque est un petit bijou. Superbement enregistré, joué avec fougue, finesse et enthousiasme. On tourne, on s’étourdit, on s’envole, on valse encore et encore… Un vrai bonheur sur les compositions légères et subtiles du leader qui met aussi en valeur quelques belles pièces d’emprunt le long du chemin. Ainsi, « Domino » (1950) que chanta André Claveau, l’inévitable Gus Viseur avec une reprise de Douce Joie (Eric Bijon, qui chauffe, chauffe !) et un final tournoyant comme une espagnolade : « Impasse des vertus », classique du musette, lancé par les percussions-claviers et le soprano d’Eric Séva dans une ambiance « live » réjouissante.
Des arrangements irréprochables, des solistes inventifs à l’énergie et au feeling communicatifs, tout cela contribue à faire de Sentimental 3/4 une réussite majeure. Une manière intelligente et joyeuse d’honorer nos musiques de danse savantes ou populaires.
Un mot suffira : bravo !
Le Monde (Janvier 2006) – Sylvain Siclier : concert Close to Heaven au New Morning
« Count Basie et les Beatles, Gil Evans et Jimi Hendrix, Bob Belden et Prince ou Sting sont quelques exemples, depuis le milieu des années 1960, d’adaptation de rock et de pop par le jazz, en grande ou moyenne formation. Led Zeppelin, héros fondateur du heavy metal, est à son tour convié à cette rencontre par l’Orchestre National de Jazz (ONJ) dirigé pour deux ans, depuis septembre 2005, par levibraphoniste et compositeur Franck Tortiller.
L’imagerie et la hargne musicale de Led Zep peuvent sembler à des années-lumière du jazz. Pourtant, après quelques minutes du concert donné par l’ONJ Tortiller au New Morning, mercredi 11 janvier, le rapprochement paraît évident, naturel.
Le travail d’arrangement de Tortiller pour ses neuf musiciens y est pour beaucoup. Les accroches rythmiques, les mélodies, Black Dog, The rain song (superbe), Dazed and confused ou Kashmir (autre réussite, en fin de concert) sont là. En citations identifiables, comme couleurs bases aux évolutions des solistes.
Ces derniers ne tentent pas de reproduire les vocalises de Robert Plant et les illuminations guitaristiques de Jimmy Page; ils dessinent de nouveaux contours, en impulsions liées autant au jazz qu’au rock. Dans un même esprit, les batteurs David Pouradier-Duteil et Patrice Héral et le contrebassiste Yves Torchinsky abordent avec souplesse et détermination l’imposante rythmique du Zeppelin.
Seul écueil de ce concert, le flottement annonciateur de Stairway to heaven. L’ONJ perd un peu en densité dans une dérive improvisée trop longue. Ce que Led Zeppelin contrôlait avec un art du supense qui reste à retrouver.»
Le Monde (Février 2006)
« Premier disque du nouvel Orchestre National de Jazz (ONJ) dirigé par le vibraphoniste Franck Tortiller, Close to Heaven vient s’ajouter au meilleur de ce qui a été réalisé en matière de reprises de compositions de Led Zeppelin. Black Dog, en version fanfare, Dazed an confused, qui joue sur la part d’improvisation propre à ce morceau, Kashmir ou No Quarter sont d’évidentes réussites. Elles sont dues à l’utilisation croisée des percussions mélodiques (vibraphones, marimba), la part fondamentale prise par les éléments rythmiques (deux batteries), une manière atypique de faire intervenir la section de vents. Un démarrage discographique qui rappelle l’intérêt suscité par les ONJ de Claude Barthélémy et Antoine Hervé. »
Métro (Janvier 2006) – Adrien Cadorel
« Figure emblématique du rock des années 70, Led Zeppelin occupe une place de choix dans la discothèque de chaque mélomane. Au-delà du charisme magnétique de ses membres, Robert Plant et Jimmy Page en tête, les quatre anglais ont su se distinguer comme défricheurs d’idées par le biais de compositions complexes, agrémentées d’une qualité d’improvisation hors normes. C’est à cet héritage sacré que l’Orchestre National de Jazz et sa tête pensante, Franck Tortiller, s’est attaqué à l’occasion de la sortie de Close to Heaven (Harmonia Mundi).
Il fallais oser s’attaquer aux hits de ce groupe phare, et l’essai est réussi avec brio. Ici, les guitares tranchantes de Jimmy Page cèdent la place aux saxophones d’Éric Séva, entouré d’un florilège de percussions. Les plus grands hits sont réorchestrés avec talent, et les arrangements sont un modèle du genre.
Que les puristes se rassurent, l’énergie des œuvres originales est intégralement préservée. C’est d’ailleurs la force de cet album maîtrisé en tout point : un mariage parfait entre l’énergie rock et la fluidité des arrangements jazz, imaginés par le vibraphoniste Franck Tortiller. Une très belle surprise en ce début d’année que la parution de cet opus, à ranger avec plaisir aux côtés des mythiques Led Zeppelin et House of the Holy. »
Jazz Magazine – Robert Latxague
« Pourquoi ? Oui pourquoi un joueur de lames aussi léger s’est-il mis en (tue) tête d’honorer un groupe de métal poids lourd, légende d’un rock de déménageurs de guitares, d’amplis et de grosses caisses ? Et sous quel angle de fantasme, et quelle folle pente de défi a-t-il pu entraîner sa troupe nationale étiquetée AOC jazz ? Au faux prétexte d’aboutir « près du paradis » ? Allez, plutôt que de chercher une explication vaine, écoutez son « Close to heaven ». Musique intelligente façonnée par des musiciens habiles à prendre la tangente. Là réside le pari : dans un contexte de musique originellement et spécifiquement électrique, accepter l’opposition de phase c’était jouer l’antithèse. Et le vibra leader de l’ONJ a pigé : face au lourd Led Zeppelin il a parié sur les chevaux légers. Aux roulements énormes de Bonham, aux terribles éclairs courcircuitants de Page, il a substitué la joyeuse monodie du vibra, le tintement clair des cuivres placés en figures de proue. Aussi les soli de ténor ou de trombone portés haut et chaud à bout de doigtés dans un titre qu’on sait puissamment référentiel chez les fans de la génération de Michel Marre (Stairway to heaven) ont-ils une nouvelle mais totale légitimité. Ainsi la texture dominante du groupe anglais _ grosses séquences d’accords, puissance de frappes réitérées, coulées de chants incandescentes _ se trouve-t-elle restituée dans une intensité poussée à fond de curseur : voix _ étonnant Patrice Héral _ percussions, traitements électroniques, effets de synthés, samples éclatent en fusées de feu d’artifice. Pyrotechnie de notes à rapprocher de celles de Gil Evans ou Franck Zappa naguère intéressés au « lourd », eux aussi. De la finesse du ciselé des soli aux effets de masse collatéraux, dans un tout autre registre qu’un banal copier-coller, tendance Led Zep fidèle aux bases mais hors mode l’ONJ aura gagné son pari sur toute la longueur. Une réussite, y’a pas à Tortiller ! »
Sitarmag.com (Janvier 2006) – Jacques Chenel
« A dire vrai, les précédents opus de notre ONJ sous la férule du bouillonnant et brouillonnant Claude Barthélémy ne m’avaient pas totalement convaincu, un peu trop iconauclaste et tape-à-l’oreille pour mon goût, que d’aucuns trouveront peut-être rétro… quoique… et voilà que le nouveau directeur musical de cet orchestre (sans piano, sans guitare, sans chanteur, cuivres et percussions en majorité) de neuf musiciens un invité rend maintenant hommage, ô surprise, à un groupe britannique et mythique de rock des années 70, Led Zeppelin (dans lequel officiait Jimmy Page, Robert Plant, John Paul Jones et John Bonham)… et la surprise est de taille, plus que bonne, Franck Tortiller relevant le défi en s’appropriant l’univers de ces légendes du rock en signant de singulières adaptations de certains succès pour sa formation (huit titres parmi les plus célèbres plus six compositions originales dont quatre signées par le talentueux et discret vibraphoniste).
Par ce choix, le leader montre à l’évidence l’intérêt qu’il porta et porte toujours à la musique de Led Zeppelin qui, plus que tout autre groupe de ces années-là, s’adonna à l’improvisation au cours de ses concerts work in progress, ou comme on peut l’entendre sur ses disques ; donc, sans trop de nostalgie, Franck Tortiller et ses complices de la même génération s’en donnent à cœur joie, jouent le jeu de la création/récréation avec un total respect dans l’esprit et non dans la lettre, d’où le côté jouissif perceptible dans un exercice souvent périlleux en d’autres occasions
Richesse du travail d’écriture, choix suubtil des couleurs sonores (Chill out, honey drip de F.T.), remarquables interventions des solistes (une mentions particulière pour le tromboniste Jean-Louis Pommier ; Éric Séva plus convaincant que dans le récent album sous sa signature ; les pertinentes ponctuations de Patrice Héral et Xavier Garcia – Before Kashmir…).
L’année 2006 débute bien pour ce nouvel ONJ ; souhaitons lui bon vent et rendez-vous bientôt live pour des concerts et des tournées pleines de promesses déjà tenues.»